Découvrez un bref aperçu de l'histoire de Scheibenhard

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Sur cette page, la commune de Scheibenhard vous en dit plus concernant la riche histoire du village. Apprenez-en plus sur son passé afin de mieux comprendre les différentes politiques mises en œuvre dans notre petite commune et mesurer son patrimoine historique.

Cette page s'adresse ainsi à tous les passionnés d'histoire, mais aussi aux simples curieux ou aux citoyens de Scheibenhard souhaitant savoir le maximum de choses concernant leur village.

 

Par ailleurs, pour toute question ou demande de précision concernant l'un des services de notre mairie, n'hésitez pas à nous contacter dès à présent.

Scheibenhard

Canton de Lauterbourg. Arrondissement de Wissembourg. Département du Bas-Rhin. 875 habitants en 2022 . Superficie : 462 hectares. Altitude moyenne de l'agglomération : 128 mètres, elle s'élève vers Neewiller et culmine à 178 mètres. Le ban est un ensemble géologique loessique propice à l'agriculture.
Le patrimoine bâti est en extension et en très bon état.

Les armoiries Scheibenhard

Parti, au premier de gueules à la croix d'argent au deuxième d'argent au sapin arraché de sinople. Création d'armes rappelant le symbole de Saint Georges, patron du village et la forêt de la Hardt.

 

Repères historiques


Il y a 8 000 ans les eaux de la post-glaciation stagnaient encore dans la vallée de la Lauter qui ne se peupla que longtemps après. Les Celtes ont laissé quelques traces dans la région : four de potier à Neewiller, tumuli dans les forêts.

 

Les Gallo-Romains ne firent que transiter par le ban en empruntant la voie entre Tribuni (Lauterbourg) et Concordia (Altenstadt).

Des traces de cette route subsistent dans le haut du village, près du grand carrefour.


Au Vème siècle, les Romains cèdent le terrain aux Alamans, lesquels sont refoulés par les Francs. Ainsi à Scheibenhard on parle le dialecte francique.

De ses débuts, peu de faits précis jalonnent la chronologie locale.

 

Le nom de Scheibenhard signifie CLAIRIERE DANS LA FORET.

 

C'est à Scheibenhard que l'évêque de Spire aurait acquis sa première possession, sur la rive droite de la Lauter, tout au début du XIème siècle.

 

Les empereurs saliens résident alors à Spire et y font construire la prestigieuse cathédrale romane.

Livre liturgique

Photos des plats avant et arrière d'un livre liturgique de 1558 offert par le prince-évêque de Spire au curé de Scheibenhard afin de servir à l'instruction et à la formation de la population, en l'honneur de St-Georges, soldat et martyre, patron de la paroisse.

L'ex-libris porte ce texte :
"Par la grâce de Dieu, Rudloff évêque de Spire et prévôt de Wissembourg etc." ainsi que les armoiries : en haut à gauche : Frankenstein, en haut à droite : von Cleeh en bas à gauche : Appotonia von Cronberg en bas à droite : Margarethe Echter. Rodolphe de Frankenstein mourut en 1560, chez son frère, bailli à Lauterbourg. (Nota :l'original est conservé au Musée Historique de Spire, cote D 476 F

1206. Dans un acte administratif du couvent de Klingenmuenster, le soldat fonctionnaire Meingott "de Scheibenhard" est cité comme témoin. (Miles Mengotus de Schibenhart).

XIIème et XIIIème siècles. Le hameau est géré par le couvent de Klingenmuenster mais sur le plan paroissial il est une annexe de Niederlauterbach

XIIIème siècle Construction d'une petite église romane dédiée à Saint-Georges.

 

La paroisse St Georges

 

Dès le XIIIe siècle une petite église romane, orientée vers l'Est, s'élevait dans la partie nord-est du cimetière de Scheibenhard, construite en grès des Vosges sur des fondations de pierres calcaires de Büchelberg.

 

La petite communauté était alors annexée à celle de Niederlauterbach mais la distance rendait difficile l'administration des sacrements.

 

Les habitants de Scheibenhard obtiennent le 1er décembre 1306 la création d'un vicariat perpétuel toutefois assorti de lourdes charges (logement, caution, dîmes, etc ; la plus grande partie des "bénéfices" allant au prévôt du Chapitre de Spire).

 

Après les guerres du XVIIe siècle, l'édifice, malmené et délabré, menaçait ruine. Il fut démoli en 1788 et remplacé par une église plus spacieuse également dédiée à St Georges. Elle fut coiffée par l'ancien petit clocher que le généreux curé Laroche remplaça en 1870 par une élégante flèche visible de loin.

 

Hélas, en mai 1940, l'église fut soumise au feu de l'artillerie, il ne resta que les murs calcinés. La grande croix en fer forgé de son clocher, récupérée et restaurée, orne maintenant la place du Père Laroche, à l'endroit même où s'élevait le clocher (haut de 4,75 m, pesant 521 kg).


De l'autre côté de la rue du 19 mars 1945, jouxtant le presbytère, une nouvelle et belle église a été construite, dédiée à St Georges : première pierre posée en 1962, ouverte au culte en 1965. Elle remplaçait alors l'église provisoire en bois érigée après la guerre.

Durant de longs siècles, les fidèles ont monté cette rue menant à ces trois églises successives dédiées à St Georges. Puisse-t-elle un jour s'appeler "rue St Georges" en mémoire des 30 générations qui l'ont gravie.

Malgré la division survenue en 1815, une seule paroisse unissait les fidèles du village. Toutefois en 1931, la commune allemande créa sa propre paroisse, son église Sankt Ludwig ; son cimetière. Mais dès 1968 l'évêque de Spire confia cette paroisse au curé de St Georges, situation singulière que les médias ne cessent de commenter.

L'Eglise St-Georges dont l'existence fut brève: 1789 à 1940.

Après les guerres du XVIIe siècle, l'édifice, malmené et délabré, menaçait ruine. Il fut démoli en 1788 et remplacé par une église plus spacieuse également dédiée à St Georges. Elle fut coiffée par l'ancien petit clocher que le généreux curé Laroche remplaça en 1870 par une élégante flèche visible de loin.

Mai1940.

Hélas, en mai 1940, l'église fut soumise au feu de l'artillerie, il ne resta que les murs calcinés. La grande croix en fer forgé de son clocher, récupérée et restaurée, orne maintenant la place du Père Laroche, à l'endroit même où s'élevait le clocher (haut de 4,75 m, pesant 521 kg).

Après 1945 à 1962

Église provisoire

1306. Scheibenhard devient dorénavant paroisse indépendante du prévôt du chapitre de Spire, prête collateur.

1348/1349. La peste décime le village.

1525. Guerre des paysans. Ceux du village se joignent au groupe du bailliage de Lauterbourg. Chargés de défendre les biens de l'évêque, ils participent à leur pillage.

1530. On recense 23 foyers : 43 adultes, 80 enfants, au total 123 habitants.

1558. L'évêque de Spire, Rodolphe von Frankenstein, offre à la paroisse un livre liturgique. Très estimé, il meurt en 1560 à Lauterbourg.

1618/1648. L'abominable Guerre de Trente ans.
En 1621, le général protestant, comte de Mansfeld, s'installe à Lauterbourg avec ses milliers de mercenaires. La population d'alentour fuit.
Après un calme de 7 ans, les armées se succèdent : Suédois, Français, Weimariens et Croates.. Par le traité de Wesphalie, l'Alsace est intégrée Royaume de France, mais ce n'est qu'en 1680 que les habitants du bailliage de Lauterbourg, dont ceux de Scheibenhard, prêteront serment d'allégeance au Roi de France. Le village est encore quasi désert.

1685. Dans le Val St Georges, en dehors du village, le receveur bailliager de Lauterbourg, Christophe Horrer, crée sur la Lauter la « Eisenschmelze » (fonderie).

1692. On ne compte que 16 habitants.

1701/1714. Guerre de succession au trône d'Espagne.

 

Après les effroyables événements du XVIIème siècle, le village de Scheibenhard était ruiné et quasi abandonné. La paix n'avait duré que quatre ans, quand Louis XIV est contraint à la guerre de succession d'Espagne (1701-1714) l'opposant à l'Autriche et à l'Angleterre. Les Impériaux, commandés par le Margrave Louis de Bade dit le « Tïirken Louis », prennent Landau et refoulent les Français au-delà de Haguenau. En Avril 1706, le maréchal de Villars contre attaque et le 3 mai il reprend Lauterbourg, Kandel et Wissembourg. Le parapet continu, long de 9000 toises (18 km), comportant de nombreux redans pour les tirs de flanquement, à une hauteur moyenne de 6 pieds (pied = environ 30 cm) et une épaisseur de 7 à 12 pieds. Les redoutes, entourées de parapets de 18 pieds d'épaisseur et de fossés profonds, abritent chacune environ 30 hommes chargés de surveiller et défendre les digues.

Pour verrouiller l'Alsace du Nord, le maréchal de Villars décide aussitôt d'ériger une ligne de défense le long de la Lauter, du Rhin jusqu'à Wissembourg et au-delà dans la montagne. Cette ligne est faite d'une levée de terre bordant le Val de la Lauter, d'une cinquantaine de redoutes et d'une trentaine de digues de retenue entraînant l'inondation de la vallée, le tout assorti de palissades et d'abattis. Cet ouvrage conçu par l'ingénieur de Règemorte et réalisé par l'ingénieur de Charmont avec environ dix mille pionniers, est opérationnel dès septembre 1706. Il dissuada l'adversaire jusqu'à la fin de la guerre.


Si les diplomates et experts de l'époque rédigeaient avec soin les conventions en ménageant quelque peu les intérêts des villageois, ils leurs créèrent cependant lourdes sujétions dont les tracasseries douanières. Par voie de conséquence ce stupide tracé de frontière, coupant le village en deux, provoqua dans les familles des situations tragiques lors des futurs conflits franco-allemands.

 

1706. Construction des lignes de la Lauter.

 

Le moulin de Scheibenhard et celui de la Bienwaldmühle sont couverts par des redoutes ainsi que les passages de la rivière de Salmbach, Niederlauterbach et Scheibenhard. Le village est particulièrement bouleversé par les levées de terre. Le cimetière, alors envahi par la végétation, est transformé en une redoute entourée d'un parapet, avec, excentrée, la petite église romane devenue corps de garde.
De cette hauteur les soldats peuvent surveiller la digue érigée en travers de la Lauter à l'endroit du pont actuel. Tout le bas du village est alors inondé.

Un parapet est également élevé en amont de la digue (rue de la 6` compagnie) ainsi qu'en aval,au bord de la terrasse inférieure (la rue du moulin encore inexistante).

Plus tard, après nivellement du parapet, la rue du moulin sera ouverte et vers 1740 on y construira des maisonnettes à pans de bois et en torchis.

Quant au parapet continu il bordera la terrasse supérieure dont il reste aujourd'hui quelques traces (propriétés Hiebel et Holler).
Un plan des lignes est exposé au Musée Westercamp à Wissembourg.

Actuellement les lignes sont assez bien conservées dans la partie boisée de la Vallée et un sentier balisé par le Club Vosgien chemine sur la crête du parapet jalonné de quelques redoutes en bon état.
Par la suite, les lignes seront encore témoins Bavière et une autre en 1828 entre les deux autres conflits : le 4 juillet 1744 : le passage des turbulents Pandours (guerre de succession au trône d'Autriche).

Pendant les guerres de la Révolution, en été 1792 les troupes du Général Kellermann sont dans les lignes. En été 1793, 4381 hommes campent sur le ban de Scheibenhard. Le 13 Octobre l'armée impériale franchit les lignes mais est refoulée fin décembre par le Général Hoche. En Juin 1815 1e Général Rapp tente en vain de résister dans les lignes, face aux coalisés.

En 1939-40 l'armée française place dans les lignes ses avant-postes que la Wehrmacht bousculera le 14 Mai 1940.

Les lignes de la Lauter ont toutefois joué un rôle politique important. Après la défaite de Napoléon à Waterloo, le 15 juin 1815, le congrès de Vienne décide de tronquer le Nord de l'Alsace, de porter la frontière nationale sur la Lauter et de céder le territoire perdu à la Bavière qui, en échange, rétrocède Salzbourg à l'Autriche.

Pourquoi ne pas avoir fixé la frontière sur le Seltzbach alors que les bailliages de Wissembourg et de Lauterbourg avaient jadis appartenu à la principauté épiscopale de Spire ?
Parce qu'en y faisant ériger les lignes sur la Lauter en 1706, le roi de France avait ainsi manifesté son intention d'y fixer la frontière. Avec cet argument les diplomates français ont pu limiter les prétentions des Alliés.

Cette décision se concrétise en 1825 par la signature d'une convention entre la France et la Bavière et une autre en 1828 entre les deux communes de Scheibenhard.

Dans le cadre des droits d'usage la commission franco-bavaroise a en outre énoncé en détail les conditions d'utilisation des eaux de la Lauter par le moulin de Scheibenhard (dont l'exploitation a d'ailleurs pris fin en 1921).

Sceau de 1751
Amtsgericht Scheibenhard

Vers 1720. La "Eisenschmelze", en faillite, est transformée en moulin à grain. Le meunier Liebhard et sa descendance en feront une entreprise prospère.

1788. L'église romane, délabrée, est démolie.

1789. Une nouvelle église, dédiée à St-Georges, est érigée au bord de la grande route. La Révolution éclate.

13.10.1793. L’armée autrichienne, comprenant des royalistes français, commandée par le Général Wurmser, passe la Lauter et occupe le Nord de l'Alsace.

Fin décembre 1793. Elle est refoulée par l'armée républicaine commandée par Hoche. Plusieurs familles fuient. Elles reviendront plusieurs mois après.

27.10.1794. A Scheibenhard les biens de l'évêché de Spire, devenus biens nationaux, sont vendus aux enchères.

1801. Le Concordat intègre le canton de Lauterbourg au diocèse de Strasbourg.

1815/1825. Après la défaite de Napoléon à Waterloo, la frontière nationale est portée sur la Lauter. Scheibenhard est partage en deux communes : l'une bavaroise SCHEIBENHARDT, l'autre française SCHEIBENHARD (cependant, une seule paroisse pour les deux.) De nombreuses familles seront séparées par la frontière.

Début août 1870 le nord de l'Alsace est occupé par les armées allemandes.

La frontière est supprimée. Les prisonniers de guerre retenus en Allemagne reviendront au village en 1871.

29.06.1900. Inauguration de la ligne de chemin de fer Lauterbourg-Wissembourg.

 

La ligne de chemin de fer Lauterbourg - Wissembourg

 

Le 29 juin 1900 a eu lieu l'inauguration de cette ligne, longue de 20 km, en présence du Président d'arrondissement, de nombreux conseillers et inspecteurs de l'administration (allemande). Le train tiré par la locomotive « Hedwig », orné de guirlandes, sous la conduite du « Bahnmeister » Weber, s'est d'abord arrêté à la station Lauterbourg-Nord (situé au-delà du pont de la Lauter), ovationné par la foule; discours du Maire Adam, chants, musique.

 

A 10 h 16, le train repart pour Scheibenhard où l'accueil, très cordial, a été rehaussé par les chants de deux chorales scolaires.

Il en fut de même à Niederlauterbach, Salmbach(Maire Vogel), Schleithal (Maire Hiebel) puis enfin à Wissembourg où une grande foule de curieux attendait ce premier train. On prononça de nombreux discours dithyrambiques.

 

Ce petit train fit chaque jour, à petite allure, 6 allers et retours mettant 40 minutes pour faire les 20 km, s'attardant quelquefois à une halte pour accrocher ou décrocher un wagon de marchandises (en partance de Scheibenhard : grumes, céréales, fécule...).

 

Aux passages à niveau, dont aucun n'était gardé ou fermé, le mécanicien ralentissait et actionnait la cloche. Les fermiers se rendaient ainsi au marché avec les volailles et d'autres produits. Les élèves du collège de Wissembourg avaient largement le temps de revoir leurs leçons dans le train. Il était sympa le "Baehnel"!

 

Ultérieurement, le Génie militaire détruisit le tronçon Lauterbourg-Scheibenhard, mais la ligne Scheibenhard-Wissembourg continua à fonctionner en trafic marchandises jusqu'en 1958 et transporta essentiellement de la fécule et du pétrole.

 

La voie a été en grande partie transformée en piste cyclable, intégrée en 1993 dans le parcours franco-allemand de la Vallée de la Lauter. Tandis que les bâtiments de la gare de Scheibenhard, acquis par la commune, ont été rénovés à l'usage des sapeurs-pompiers d'une part et de l'autre en annexe à la salle polyvalente.

 

1902. Mise en service d'une laiterie à vapeur qui tint ses promesses jusqu'en 1904

 
Scheibenhard, la rue de l'église en 1905 (carte postale)

11.11.1918. Fin de la première guerre mondiale (1914-1918). L'armée française pénètre en Alsace. La frontière sur la Lauter est rétablie. Les prisonniers de guerre retenus en France reviendront au village en 1919.

1925. Construction de la Maison de la Douane.

1931. Construction de l'église St-Ludwig à Scheibenhardt/Bavière.

01.09.1939. Début de la guerre franco-allemande. Le village est évacué en quelques heures vers St-Sulpice-les-Feuilles, en Haute-Vienne.

 

L'évacuation en 1939

 

Le 31 août 1939, la guerre semble proche et l'inquiétude est grande dans le village. Ce jour là, les cultivateurs allemands franchissent encore tout naturellement la frontière pour travailler aux champs.
Entrer en guerre avec les cousins de part et d'autre n'est pas concevable. Pourtant, le vendredi 1er septembre à 14 heures l'appariteur fait la consternante annonce : « Départ à 15 heures avec les attelages, avec 30 kg de bagages chacun ». La troupe devait récupérer le bétail restant. Les gardes frontaliers mobilisés sur place restent au village.

 

Un long convoi emprunte alors le chemin creux menant à Neewiller. Les nappes et toiles couvrant les charrettes très chargées donnaient de la couleur à l'ensemble. Première halte à Walbourg et une deuxième près de Lupstein, qui durera une semaine. On dormait sur et sous les charrettes.
Puis, abandonnant les attelages, les évacués embarquèrent dans des wagons à bestiaux pour entreprendre un pénible voyage de 3 jours jusqu'à Limoges. Ils repartirent ensuite dans la Commune de St-Sulpice-les-Feuilles (Haute-Vienne), toute surprise et nullement préparée à ce flot de réfugiés.

 

Celle-ci comptait alors environ 1300 habitants dont 600 dans l'agglomération même. Les gens de Scheibenhard et de Neewiller, également du convoi, se mirent en quête d'un gîte provisoire: salle de Mairie, restaurant, etc..., et dormirent sur la paille.

 

Séjour à Saint-Sulpice

 

Au fil des jours, la municipalité attribua à chacun un logement, en général très inconfortable. Les allocations, rapidement versées, permirent d'acheter des couvertures, de la vaisselle... et de relancer le commerce local. Des adultes trouvèrent du travail, ce qui entraîna souvent des suppressions d'allocations.
Le front sur la Lauter était calme, c'était "la drôle de guerre". Alors, quelques villageois munis d'autorisations, allèrent chez eux, quérir les objets utiles : vêtements, literie, etc... Pour pénétrer dans leurs maisons situées au bas du village, il leur fallut enjamber les barbelés. Il y régnait un grand désordre ; les soldats avaient déménagé tout ce qui pouvait améliorer le confort des avant- postes.

 

Enfin, la vie quotidienne se normalisa à St-Sulpice ; le curé de Neewiller prit en charge les paroissiens alsaciens, le gérant de la Caisse Mutuelle continua à gérer ses dossiers, les Maires de Scheibenhard et Neewiller administrèrent en Mairie de Saint-Sulpice. Les enseignants alsaciens firent la classe aux enfants des deux villages réunis dans un restaurant. Seuls les grands furent mêlés aux enfants de Saint-Sulpice.

 

A La Souterraine (Creuse), comme à Saint-Sulpice, les Alsaciens se retrouvaient au marché. Ceux qui maîtrisaient la langue française eurent de bons rapports avec les Limousins. Quant aux jeunes Alsaciens, ils acceptaient mal certaines épithètes ; mais les explications (musclées) tournaient presque toujours à leur avantage!

 
Saint-Sulpice-Les-Feuilles (Haute-Vienne)

Eglise et presbytère

L'Armistice... et après


En 1940, les habitants de Saint-Sulpice n'ont rien perçu des opérations militaires. C'est donc sans trop d'appréhension qu'en octobre les Scheibenhardois reprirent le chemin du retour, et, comme à l'aller, en train, dans des wagons à bestiaux, ce jusqu'à Soultz-sousForêts, d'où ils furent acheminés en car à Scheibenhard. Quelques familles retrouvèrent leur maison déjà remise en ordre par les hommes du village, qui avaient été faits prisonniers par les Allemands, puis libérés sur place, tandis que d'autres ne trouvèrent que des ruines. En automne 1939, le Génie avait fait sauter les accès aux carrefours du village et ainsi ruiné une douzaine d'immeubles. De la belle église construite en 1789, il ne restait que des murs calcinés.

 

Cependant quelques familles ne sont pas revenues pour des raisons évidentes : logement satisfaisant en Haute-Vienne et allocations suffisantes, mais surtout l'appréhension d'être confronté avec les occupants dont on à connaissait l'autoritarisme.

 

L'évacuation de Scheibenhardt

 

Scheibenhardt, l'agglomération allemande, jumelle de Scheibenhard, a été évacuée le 1" septembre 1939.

 

Opération appelée "Freimachung". L'ordre fut diffusé dès 2 heures du matin. Les personnes âgées, les malades, les mères et jeunes enfants prirent le train à Berg, en même temps que les habitants de Neulauterburg. Le reste de la population ne partit que le dimanche 3 septembre en convoi, après avoir méthodiquement évacué le bétail.

 

Repliés dans la région de Würzburg, les habitants de Scheibenhardt ne revinrent qu'en. juillet 1940. Ils quittèrent une nouvelle fois la "zone rouge" au début de décembre 1944, cette fois dans des conditions très difficiles, pour ne revenir qu'au printemps 1945.
Interrogez ceux qui ont vécu cette époque, ils sont intarissables...

 

14.05.1940. La Wehrmacht franchit la Lauter. L’église St Georges est détruite ainsi qu'une partie du village. La frontière est supprimée.

Août 1942. Premières incorporations dans la Wehrmacht.

15.09.1944. Un bombardier américain en perdition lâche 5 bombes sur le village : des dégâts, pas de victime.

14.12.1944. L’armée américaine pénètre dans le village.

04.01.1945. Celle-ci se retire précipitamment. La Wehrmacht revient.

19.03.1945. L’armée française libère le village. La 6e compagnie du 4e régiment des Tirailleurs Tunisiens, commandée par le capitaine Sahuc, franchit la Lauter, occupe de haute lutte Scheibenhardt et réalise ainsi la première percée française en Allemagne. La Lauter redevient frontière nationale. Le retour au village des prisonniers de guerre s'étalera sur plusieurs années et la reconstruction des maisons sinistrées sur plus de 15 ans.

 

Scheibenhardt : Tête de pont sur l'Allemagne 18-19 mars 1945

 

Le 4e Régiment des Tirailleurs Tunisiens de l'Armée Française, arrivé à marche forcée et sans ravitaillement à Lauterbourg y tente de passer la Lauter.

 

L'action échoue face à la résistance allemande. Seule solution : franchir la Lauter à Scheibenhard. Le Général Guillaume ordonne alors au Capitaine Sahuc, commandant la 6e Compagnie: "Vous voyez, Sahuc, cette forêt, c'est le Bienwald. C’est l’Allemagne, il faut y entrer". Une reconnaissance de la frontière établit que les pionniers ennemis avaient aménagé la rivière pour y provoquer des zones d'inondation. La défense du village allemand était organisée. L'avance française avait été si rapide que l'approvisionnement en munitions risquait de faire défaut.

 

Lors de son étude du terrain, Sahuc rencontra des villageois de Scheibenhard et notamment Mme Stauffer, Mr Lehmann et sa fille Annelyse Mayer. Le plan d'attaque sera le suivant: l'artillerie pilonnera le village allemand de 16 h à 16 h 30, puis pendant l'assaut des quartiers précis sur indication de Sahuc, ce dernier franchira la Lauter avec sa compagnie en 2 colonnes. 16 h 30 précises : « En avant! » La colonne de gauche manque de justesse la noyade tant le courant est fort et lourde la charge des soldats. Elle suivra les traces de la colonne de droite qui a réussi à progresser et ramène déjà les premiers prisonniers de la 1"` compagnie du 2e S.S. Polizei Regiment.

 

Cependant la résistance se fait de plus en plus acharnée. Grâce au soutien de l'artillerie et au prix de corps à corps meurtriers dans les maisons, les jardins, l'armée française progresse.
A la tombée de la nuit et à la lueur des incendies, après 4 heures de combat, le village est pris. L'opération avait été suivie personnellement par le Général De Lattre. Scheibenhardt est la première tête de pont sur l'Allemagne

 

1962. Pose de la première pierre de la nouvelle église St Georges.

1964. La "Féculerie de l'Est" cesse son activité. Elle avait acquis le moulin Liebhard en 1923 et traité annuellement des milliers de tonnes de pommes de terre.

1982. Remembrement du ban du village.

1984. Construction sur Scheibenhard du tronçon terminal de la route à quatre voies : CD 300 dite Axe Nord-Sud.

1985. Mise en service de la plate-forme douanière.

20.09.1992. Référendum sur le traité de l'Union Européenne, Scheibenhard vote OUI à 72 %.

31.12.1992. La frontière douanière est supprimée, la circulation entre les deux villages est dorénavant totalement libre.

31.12.92 Suppression des frontières, les douaniers déménagent.

Les très anciennes familles du village

Les guerres et les épidémies du XVIIe siècle décimèrent la population du village qui, cependant, se repeupla relativement vite. On relève dans les registres de la paroisse St. Georges de la première moitié du XVIIIe siècle les familles ci-après, presque toutes venues d'ailleurs et la plupart repartiront vers d'autres paroisses. De ces patronymes, il en subsiste environ un cinquième.
Barlemann (Perlemont), Bayer ou Beyer, Bentz, Bernauer, Bleger, Boes, Boeles, Bordenkircher (1685), Bouchut,
Carl,
Deck, Dietrich, Distel, Eisensteck, Engelhard, Ewig,
Fichs (Vix), Fischer, Forschler, Fuchs,
Gabriel, Geiger, Gerstner, Gingelius, Grünsteiner, Guckert,
Haller, Hârdel, Heberle, Helffrich, Hemberger (Himberger), Hemmerle, Herbein, Hertzmann, Hertzog, Heydel, Hirsch, Huber, Huck,
Illig, Jung
Kampf, Kayser, Klughammer, Keller, Klein, Kornprobst, Küstner,
Laux, Legrand, Leber, Libart (Liebhard), Lorenz, Lustig,
Marschal, Martin, Matern, Maushard, Moritz, Muller,
Neff, Neichel,
Peter, Pfaff, Pfeiffer, Pflugger,
Rauscher, Reich, Richter, Rieder, Riger, Rumpf, Ruth,
Schauer, Scherer, Schiffmacher, Schmalz, Schmitt, Schünagel, Schoufriou, Specht, Stahl, Stab, Staufer (Steffer), Steinmeyer, Steinmüller, Suder,
Vix, Voegele,
Wahle, Walter, Weber, Weinbrand, Weinhard, Weisbeck, Würtz (Wirth),
Zimmermann.

 

L'industrie

 

La Schmelzmühle

 

Après les guerres du 17` siècle, une nouvelle entreprise implantée à l'extérieur, au bord de la Lauter, au Val St Georges, redonna vie au village. En 1685, Christophe Horrer, nommé en 1682 économe à Lauterbourg par l'Evêque de Spire, investit toute sa fortune dans la création d'une industrie métallurgique (Aisenbergwerk) comprenant fonderie et forge et traitant le minerai de fer extrait sur place. Il fit venir du Tyrol des ouvriers qu'il logea dans 3 maisons à double habitation. Le curé Kistner de Lauterbourg bénit les installations dont une chapelle le 7 septembre 1685. Cependant freinée par les difficultés et l'érection des lignes de défense, cette activité cessa au bout de 20 ans.

La "Schmelzmühle" est alors reprise par le meunier Andreas Liebhard, venu de la proche Bienwaldmühle (exploitée par la famille Hart) et transformée en moulin à grains. L'ardeur et la compétence de ce meunier sont grandes et dès 1721 son moulin est considéré comme l'un des meilleurs de l'Evêché de Spire. En 1923, après deux siècles d'exploitation florissante, la famille Liebhard céda le moulin à la "Féculerie de l'Est" qui jusqu'en 1956, fut source d'emplois et de revenus pour les agriculteurs de la région.

Le site est maintenant quasi désert, la chapelle de 1685 et l'immense grange ont disparu. Le relief figurant St Georges et ornant la façade de l'habitation depuis 1755 rappelle la fortune passée du moulin.

 

Le pétrole à Scheibenhard

 

L'industrie minière de Pechelbronn, déjà citée en 1498, est sans doute la plus ancienne du monde. Et non loin, à Scheibenhard et alentours, sommeillait un gisement de pétrole dont l'origine remonte à 160 millions d'années. En 1956, la société « Prépa » y a découvert deux nappes ; l'une profonde de 592 à 597 mètres assurant un débit de 5,3 m3 par jour, l'autre de 948 à 952 mètres avec un débit de 13 m3 par jour. D'autres puits furent forés et de 1957 à 1968, la production cumulée a été de 221 469 tonnes.

L'exploitation de ce gisement a été reprise par ELF-Aquitaine sur les bans des communes voisines. On peut observer de près les pompes à balancier dont les contrepoids équilibrent l'effort des moteurs d'une puissance de 3000 à 4000 kg nécessaire pour tirer le liquide et la tige de la pompe aspirante et refoulante plongée dans la nappe à 500 ou 900 mètres. Grâce à un système de chauffage électrique, la température minimale du pétrole brut, riche en paraffine, est maintenue à 27 °C (nappe à 500 m) et 32 °C (950 m) et ce pour faciliter son stockage puis son transvasement dans les camions-citernes. A la raffinerie de Reichstett ce brut devient : pétrole, huile, kérosène, paraffine, goudron, pétrole lampant, etc.
Les quantités produites sont symboliques, en moyenne 5 m3 par jour et par puits et l'exploitation ne perdurera pas.

Pour conclure et pour pasticher une expression des années soixante-dix : si nous avons des idées, nous avons aussi du pétrole.

 

Source : "Scheibenhard, 100e anniversaire de la Caisse de Crédit Mutuel" 15 septembre 1996